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Sur Facebook, les « gilets jaunes » divisés sur leurs propositions et leurs méthodes

Sur Facebook, les « gilets jaunes » divisés sur leurs propositions et leurs méthodes
Sur Facebook, les « gilets jaunes » divisés sur leurs propositions et leurs méthodes

Martin Untersinger et Samuel Laurent – Le monde

Tenter de résumer une pensée ou du moins une ambiance qui serait celle des « gilets jaunes », à partir du foisonnement de leurs groupes sur Facebook, est plus qu’une gageure tant les débats y sont ouverts, permanents, et les offensives diverses et éparpillées.

Les « gilets jaunes » comptent des centaines, des milliers de groupes, parfois locaux et représentant un département ou une ville, parfois plus transversaux. Mais ils débattent également par le biais des commentaires qu’ils laissent les uns chez les autres, ou en discutant en marge des événements organisés sur la plateforme.

Elysée, périphérique, médias ?

C’est un premier point de confusion : le projet initial d’une partie des « gilets jaunes », emmenés par Eric Drouet, figure de la contestation, était de marcher sur l’Elysée. Ces propos lui ont valu d’être visé par une enquête pour « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit » et « organisation d’une manifestation illicite ». Son sort a occupé une large part des conversations en cette veille d’« acte IV » du mouvement. Des dizaines d’internautes signalent, dans les commentaires, que l’une des rares figures de proue du mouvement avait été interpellée et placée en garde à vue, et que son logement avait été perquisitionné. Finalement, lui-même a donné des nouvelles : « Je ne suis pas en garde à vue mais je devais y être si j’étais chez moi », confirmant qu’une enquête était ouverte.

Face au tollé suscité par son appel à marcher sur l’Elysée, Drouet a dans un second temps appelé à occuper le périphérique parisien. Un lieu « où il n’y a rien à casser, rien à détruire, mais où nous pourrons hurler notre rage », comme le précise désormais la nouvelle invitation, qui compte 1 300 participants confirmés et 5 000 intéressés.

Mais Eric Drouet a beau être très présent dans les médias, cela n’en fait pas pour autant le représentant le plus suivi. Ainsi, un autre événement, qui clame « Tous à l’Elysée », compte déjà 2 800 participants et 17 000 intéressés. Et « Manu, on arrive », organisé par « Info blocage France », affiche 10 000 participants et 50 000 intéressés. On compte une demi-douzaine d’événements similaires, et à peu près autant prévoient une action sur les Champs-Elysées.

D’autres options sont également évoquées. Il est ainsi proposé à ceux qui le souhaitent de se retrouver devant la Maison de la Radio, à Paris, pour une action nommée « Gilets jaunes, on reprend le contrôle des médias ! » Un choix qui vise à éviter ce que redoutent une partie de ceux qui s’expriment sur Facebook : nuire à la popularité du mouvement du fait de scènes de pillages et de destruction similaires à celles du 1er décembre. « On veut pas que les “gilets jaunes” soient assimilés aux casseurs », explique dans une courte vidéo Steven Lebee, administrateur de la page « la France en colère !!! ».

Mais ce choix ne satisfait pas pour autant une autre partie des « gilets jaunes » : « N’importe quoi, le périph ça sert à quoi franchement ? Faire chier les gens, rien de plus », répond une sympathisante dans les commentaires de la vidéo. D’autres appellent carrément à ne pas se rendre à Paris : « Ne surtout pas tomber dans le piège tendu par ce gouvernement qui souhaite que vous vous rendiez à Paris et espère que cela dégénère pour légitimer le retour de l’état d’urgence où tous nos droits seront totalement bafoués », explique ainsi Myriam. Un autre « gilet jaune » exhorte :

« Ce rassemblement programmé est et a toujours été voulu pacifique. Par celui-ci, nous rappelons que les citoyens souhaitent êtres entendus sur leurs revendications. Nous manifesterons pacifiquement que ça leur plaise ou non !!! Casseurs et violents, vous êtes indésirables !! porte maillot + périphérique. »

Un débat permanent

On aurait tort de penser que le mouvement est unanime, c’est l’inverse : un débat incessant entre modérés et plus radicaux, que ce soit sur les modes d’action ou sur le but à atteindre. La variété des actions prévues samedi à Paris est impressionnante et illustrative : Champs-Elysées, périphérique, Elysée, donc, mais aussi « Tous à Bercy » (792 participants) ou, donc, la Maison de la radio.

Si les messages « stop violences » sont fréquents, dans les commentaires de ces événements on se prépare à revivre une journée difficile : « Pensez aux boucliers pour faire face aux lignes de CRS », explique un internaute, alors qu’un autre égrène une série de conseils face aux gaz lacrymogène. Plusieurs posts suggèrent que les manifestants s’agenouillent, mains sur la nuque, face aux blindés de la gendarmerie. La présence de ces machines, rarement employées, est l’objet de nombre de commentaires, partagés entre peur et impression d’une panique du pouvoir.

Le dispositif sécuritaire a été détaillé dans la journée de vendredi par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, lors d’une conférence de presse qui a été très suivie par les gilets jaunes. « Provocation encore… stratégie de la peur… Manipulation… Ils jouent leurs dernières cartes pour que l’on aille pas au bout », analyse une membre de « La France en colère !!! ».

Pour nombre de voix qui s’expriment dans ces groupes et ces « events », il ne faut surtout « rien lâcher ». Mais le débat est vif, alors que plusieurs sondages semblent indiquer un tassement du soutien de l’opinion à ce mouvement. « Les gilets jaunes ont fait leur boulot, ils ont fait plier Macron », lance ainsi un participant. « Les sondages sont manipulés », rétorque aussitôt un autre. « Macron n’a pas plié du tout, réveille-toi, taxes carburant bloquées pour six mois ça te suffit ? » questionne un troisième. Un quatrième protagoniste résume : « Là on a une occasion unique d’apporter du changement profond, c’est ce que la majorité souhaite partout et tout le temps, les gens soupirent leur galère à longueur d’années et dès qu’il faut sortir de son petit confort, c’est l’abandon. »

Référendums, « Frexit » et récupérations

Les solutions, justement, commencent à émerger. Depuis quelques jours, un nouveau projet agite les groupes gilets jaunes : le RIC, « référendum d’initiative citoyenne ». Le principe de cette idée, qui existe pour partie en Suisse, est simple : à partir d’un certain seuil de signatures citoyennes, on peut déclencher un référendum pour instaurer ou abroger une loi, mettre fin à un mandat politique ou encore modifier la Constitution. L’idée séduit car elle permet de n’avoir qu’une seule revendication, celle de l’instauration d’un tel système, qui permettra ensuite d’obtenir le reste grâce aux référendums, plaident les partisans de ce projet, dont Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », autre figure du mouvement. « Un RIC sinon rien », précise une affichette sur fond jaune imitant celle d’un célèbre apéritif.

Derrière cette idée, on trouve Etienne Chouard, ex-enseignant qui s’était fait connaître voilà treize ans, en devenant, grâce à son site web, le porte-drapeau du camp du « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen. Le personnage, aux discours parfois douteux, bénéficie depuis son invitation aux côtés de Jean Lassalle dans une émission sur le web, BTLV, très suivie par les « gilets jaunes », d’une popularité forte.

Il n’est pas le seul à tenter d’imposer ses vues sur le mouvement. Les militants de l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau sont également à la manœuvre. S’il existe plusieurs listes de revendications des « gilets jaunes », aucune n’a jamais fait l’unanimité au point de pouvoir être considérée comme consensuelle parmi ceux qui se revendiquent du mouvement. Mais est apparue depuis quelques jours une nouvelle liste « officielle », qui comprend de nouvelles propositions proches de celles de l’UPR, comme le « Frexit » (le départ de la France de l’Union européenne) ou la sortie de l’OTAN.

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