Le Monde
Sur le départ, Nikki Haley a perdu une de ses dernières batailles contre le Hamas, dénonçant une « politique de deux poids deux mesures » des Nations unies (ONU) aux dépens d’Israël. Malgré ses arguments, les Etats-Unis ne sont pas parvenus, jeudi 6 décembre, à faire condamner le mouvement islamiste palestinien par l’Assemblée générale de l’ONU, la résolution de l’ambassadrice américaine ne recueillant pas la majorité nécessaire à son adoption. En effet, son texte n’a obtenu que 87 voix, dont celles de l’Union européenne (UE). Cinquante-sept pays ont voté contre et 33 se sont abstenus.
Au préalable, le Koweït avait, lors d’un vote de procédure gagné de seulement trois voix, obtenu qu’une règle d’une majorité aux deux tiers soit appliquée au texte américain malgré de vives critiques de Nikki Haley. La règle des deux tiers a été approuvée par 75 voix, 72 pays s’exprimant contre – dont l’Union européenne – et 26 Etats se sont abstenus.
« Une simple majorité est requise », avait plaidé en vain Nikki Haley avant le scrutin, tenu avec une heure de retard en raison « de négociations de dernière minute », selon la présidence de l’Assemblée générale.
Cette enceinte, dont les résolutions n’ont pas de valeur contraignante, « n’a jamais rien dit sur le Hamas », avait ajouté la diplomate américaine. « La décision [d’un vote de procédure] vise à entraver » l’adoption de la résolution américaine, « et mon frère du Koweït le sait très bien », avait ajouté l’ambassadrice américaine.
Une « gifle » pour l’administration Trump
« L’échec de l’entreprise américaine aux Nations unies constitue une gifle pour l’administration des Etats-Unis et une confirmation de la légitimité de la résistance », a déclaré un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zahri, utilisant une formule faisant référence aux groupes armés hostiles à Israël.
La présentation de la résolution américaine, soutenue par l’UE après un léger ajout de langage vague visant à soutenir une solution de paix au Proche-Orient sur la base des « résolutions pertinentes » déjà adoptées à l’ONU, constituait l’un des derniers faits d’armes de Nikki Haley, qui a récemment annoncé quitter ses fonctions en fin d’année. Selon des diplomates, Nikki Haley, soutien inconditionnel d’Israël, avait fait de cette condamnation du Hamas « une affaire très personnelle ».
Son projet de texte condamnait « le Hamas pour des tirs répétés de roquettes en Israël et pour incitation à la violence, mettant la vie de civils en danger ». Il exigeait « que le Hamas et d’autres entités militantes incluant le Djihad islamique palestinien cessent toutes les provocations et activités violentes dont le recours à des engins aériens incendiaires ».
Une plainte du chef du Hamas jamais arrivée à destination
Sous la pression des Européens, les Palestiniens et les pays arabes avaient renoncé à amender le texte américain pour y introduire des rappels précis des résolutions liées à la demande d’une fin de l’occupation israélienne, au statut de Jérusalem-Est et à la solution de deux Etats dans les frontières reconnues en 1967, largement soutenue dans le monde. Ils ont transformé leur amendement en projet de résolution qui devait être mis au vote dans l’après-midi à l’Assemblée générale de l’ONU.
L’objectif de l’Union européenne « était d’éviter une confrontation dont tout le monde serait sorti perdant », a expliqué un diplomate sous couvert d’anonymat. Il s’agissait aussi de préserver « l’unité de l’Union européenne », a-t-il ajouté. « Personne ne comptait avancer » sur le processus de paix avec les textes en débat jeudi, a précisé cette source.
Le chef du Hamas Ismaïl Haniya s’était plaint dès le 28 novembre de la démarche américaine dans une lettre rare à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU. La missive, remise au représentant de l’ONU à Gaza, n’est cependant jamais arrivée à destination. Elle a été transmise au seul pouvoir légitime reconnu par l’ONU, à savoir l’Autorité palestinienne, qui l’a toujours en mains, selon une source onusienne.