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En Israël, la coalition au gouvernement annonce la dissolution du Parlement

Le Monde

La décision se profilait depuis déjà plusieurs semaines. Lundi 24 décembre, les cinq partis de la coalition au gouvernement ont, à l’unanimité, convenu de la dissolution de la Knesset (Parlement israélien). Les élections législatives, qui devaient se tenir en novembre 2019, pourraient être avancées au 9 avril, selon les médias israéliens. Un vote à la Knesset aura lieu mercredi 26 décembre pour entériner la décision du gouvernement.

Le prétexte de la dissolution du Parlement serait l’impasse dans laquelle se trouvait la coalition par rapport au projet de loi sur la conscription des juifs ultra-orthodoxes dans l’armée, et auquel s’opposaient les partis ultrareligieux de la coalition. Le vote de la loi ayant déjà reporté à deux reprises, la Cour suprême israélienne avait fixé au 15 janvier prochain la date limite de son adoption.

Depuis la démission du ministre de la défense, Avigdor Lieberman, le 14 novembre, et le retrait de son parti de droite ultra-nationaliste Israël Beitenou de la coalition, le gouvernement israélien manœuvre péniblement, avec une mince majorité de 61 sur 120 députés à la Knesset. Concernant la loi sur la conscription, aucun compromis n’a pu être trouvé. Lundi matin, le député Yair Lapid a annoncé que son parti d’opposition, Yesh Atid, voterait finalement contre. Après quoi, les chefs de la coalition se seraient résolus à dissoudre la Knesset.

« Monsieur Sécurité »

« Nous avons beaucoup fait pour les citoyens israéliens et nous allons continuer de cette manière pour le bien de l’Etat d’Israël », a aussitôt commenté le premier ministre Benjamin Nétanyahu, après avoir décrit les « réussites » de son gouvernement. La coalition actuelle devrait former le noyau du prochain gouvernement, a-t-il ajouté, demandant aux électeurs israéliens de lui donner « un mandat clair » pour continuer à diriger le pays.

M. Nétanyahu appelle de ses vœux des élections anticipées, alors qu’un mois auparavant, il en dramatisait l’éventualité. Le 18 novembre, en reprenant le portefeuille de la défense, il avait estimé que ce serait « irresponsable », compte tenu du contexte sécuritaire. Il s’est ensuite employé à diriger toute l’attention médiatique sur l’opération « Bouclier du Nord », menée depuis début décembre par l’armée israélienne à la frontière avec le Liban, pour mettre à jour les tunnels d’attaque creusés par le Hezbollah.

Avant d’avancer les élections, le premier ministre comptait ainsi d’abord restaurer son image de « Monsieur Sécurité », affaiblie après la dernière escalade avec le Hamas dans la bande de Gaza suivie de l’accord de cessez-le-feu qui avait conduit à la démission de M. Lieberman. « Benjamin Nétanyahu voulait également s’éloigner du dossier Gaza sur lequel il est vulnérable, attaqué par la droite et par la gauche, explique Ofer Zalzberg, analyste principal à l’International Crisis Group. Il voulait élargir le débat et trouver un autre prétexte pour convoquer des élections anticipées. » L’actuel désaccord au sein du gouvernement semblait donc tout trouvé.

Compte-à-rebours judiciaire

La campagne électorale devrait cependant parasitée par le compte-à-rebours judiciaire. Le procureur général, Avichai Mandelblit, devrait se prononcer d’ici la fin du premier trimestre 2019 sur les trois affaires (1000, 2000 et 4000) dans lesquelles le chef du gouvernement pourrait être mis en examen pour « corruption ». La police a déjà recommandé son inculpation dans les trois cas. « M. Nétanyahu entend donc retarder la décision du procureur général pour se faire d’abord réélire », avance Reuven Hazan, professeur en sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem.

En parallèle, le premier ministre doit faire face au mécontentement croissant de la société israélienne après l’annonce de la hausse tarifaire de l’eau et de l’électricité pour 2019. Il lui faut aussi rassurer l’opinion public après l’annonce par Donald Trump du retrait de l’armée américaine en Syrie où l’Iran, bête noire de l’Etat hébreu, compte avancer ses pions.

Malgré tout, une autre victoire électorale du Likoud, le parti de M. Nétanyahu, est toujours d’actualité. A une inconnue près : l’entrée en lice de l’ancien chef d’Etat-major, Benny Gantz, qui pourrait créer son propre parti ou rejoindre le parti d’opposition Yesh Atid. Dans l’un ou l’autre des cas, les sondages de la mi-décembre prévoient néanmoins la victoire du Likoud, avec 28 ou 29 sièges à la Knesset pour 30 actuellement.