Cédric Pietralunga et Alexandre Lemarié – Le Monde
Et maintenant ? Cinq semaines après la première manifestation parisienne des « gilets jaunes », et alors que le mouvement donne des signes d’essoufflement, l’exécutif a entrepris de se projeter dans l’après. Ces quinze derniers jours, Emmanuel Macron a réuni à de nombreuses reprises sa garde rapprochée dans le Salon vert de l’Elysée. Objectif : déterminer le meilleur moyen de relancer le quinquennat, menacé de paralysie.
Le président a finalement opté pour une stratégie à plusieurs niveaux afin de répondre à la crise. « Le mouvement des “gilets jaunes” est un mouvement à tiroirs, parti d’une grogne sur le prix des carburants pour arriver à des questions institutionnelles. Nous avons donc fait le choix d’une réponse à tiroirs », explique un proche collaborateur. « Les “gilets jaunes” n’appellent pas à l’immobilisme, à nous de savoir rebondir », abonde un parlementaire de la majorité.
Le premier tiroir a déjà été ouvert. Alors qu’il avait fait du sérieux budgétaire l’un des marqueurs de son début de quinquennat, le chef de l’Etat s’est résolu à desserrer les cordons de la bourse. Les mesures de pouvoir d’achat annoncées par le premier ministre, Edouard Philippe, le 4 décembre (annulation de la hausse de la taxe carbone) et complétées par Emmanuel Macron le 10 décembre (élargissement de la prime d’activité, défiscalisation des heures supplémentaires, etc.) devraient coûter quelque 10 milliards d’euros à l’Etat.
Mais M. Macron serait prêt à aller plus loin. Pas question de laisser une exaspération catégorielle prendre le relais des « gilets jaunes ». Menacé d’un mouvement des « gyros bleus » dans la police, l’exécutif a accordé, le 19 décembre, une hausse de salaire de 120 à 150 euros par mois à tous les gardiens de la paix. « Quand il y a un mouvement d’une telle ampleur, il est normal qu’on lâche », estime un familier de l’Elysée, qui n’exclut pas d’autres revendications dans les prochaines semaines.