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Brésil : Jair Bolsonaro, pas encore en fonction, déjà rattrapé par les affaires

Le Monde

 

 

Pendant près de dix jours, il fut l’un des hommes les plus recherchés du Brésil. Celui dont la parole pourrait enfin laver le futur président brésilien, Jair Bolsonaro, de tout soupçon de malversation ou, au contraire, transformer une minable affaire crapuleuse en un « Bolsogate ».

Invisible, inaudible, depuis la révélation de l’« affaire », Fabricio Queiroz, ancien chauffeur et agent de sécurité de Flavio Bolsonaro, fils du futur chef d’Etat, devrait réapparaître mercredi 19 décembre. A 14 heures, heure de Brasilia, l’ex-homme à tout faire de l’aîné des Bolsonaro, député à l’Assemblée législative de Rio de Janeiro et tout juste élu au Sénat fédéral, devra s’expliquer devant les enquêteurs au sujet de ses mouvements financiers « atypiques ».

Un rapport du Conseil de contrôle des activités financières (COAF), rendu public par le quotidien Estado de Sao Paulo, le 6 décembre, a noté que l’employé avait déposé et retiré de son compte bancaire quelque 1,2 million de reais (environ 350 000 euros à l’époque) entre janvier 2016 et janvier 2017.

Une somme « incompatible avec le patrimoine, l’activité professionnelle et la capacité financière » de M. Queiroz, souligne la COAF.

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Tactique de blanchiment d’argent

Ancien policier militaire, Fabricio Queiroz, ami de la famille Bolsonaro, dont les idées politiques sont alignées avec celles du président élu, a cessé de travailler pour Flavio Bolsonaro le 15 octobre, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle.

« C’est un modus operandi très fréquent chez les députés dits du “bas clergé” ».

A en croire les experts, sa frénésie de dépôts (176 en un an) et de retraits (56), en petits montants et en liquide, serait une tactique de blanchiment d’argent. Dans le détail, une kyrielle d’assistants parlementaires de Flavio Bolsonaro déposaient, quelques jours après le versement de leurs salaires, une somme sur le compte de M. Queiroz. Dans la foulée, celui-ci effectuait un retrait en espèces d’un montant équivalent.

« C’est un modus operandi très fréquent chez les députés dits du “bas clergé” », explique une source à Brasilia, évoquant ces parlementaires appartenant à des petits partis comme le Parti social-libéral (PSL) de Bolsonaro. Qualifiée de « péage », la tactique consiste à ponctionner une partie du salaire des assistants parlementaires afin de couvrir des dépenses inavouables. Les dits employés étant, pour la plupart, fictifs.