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Le gouvernement annule, puis rétablit, les mesures annoncées en novembre aux « gilets jaunes »

Le Monde

Le cafouillage a pris de court tous les observateurs. Mardi 18 décembre en fin d’après-midi, le gouvernement avait fait savoir à l’Agence France-presse (AFP), puis confirmé au Monde, que plusieurs mesures annoncées en novembre dans une première réponse aux « gilets jaunes » seraient annulées. Rétropédalage quelques heures plus tard : les mesures en question sont finalement toutes maintenues, a fait savoir l’entourage du premier ministre, Edouard Philippe.

Parmi les mesures annulées, puis maintenues : l’extension du chèque énergie, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime à la conversion pour les gros rouleurs. Matignon avait d’abord expliqué que ces mesures ne s’imposaient plus en raison notamment de l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant. L’explication a fait long feu.

Interrogé par Le Monde, l’entourage d’Edouard Philippe assume d’avoir changé d’avis en moins de deux heures : « Il nous apparaissait normal de supprimer les compensations à la hausse de la taxe carbone à partir du moment où cette hausse était elle-même supprimée. Mais au vu de l’incompréhension suscitée par cette annonce, le premier ministre a préféré revenir aux mesures initiales », explique-t-on à Matignon, où l’on évoque un « choix politique » préféré à un « choix budgétaire ».

L’économie totale envisagée pour les finances publiques s’élevait en effet à 130 millions d’euros sur les 500 millions au total que devaient coûter ces premières mesures, desquelles il n’avait pas été envisagé de retirer la hausse de 50 euros en moyenne du chèque énergie au 1er janvier pour les bénéficiaires actuels (environ 3,6 millions de foyers), ainsi que la « surprime » à la conversion des voitures pour les foyers modestes.

« Risque de ne pas être compris »

« Ces dernières semaines nous ont appris à ne surtout pas laisser s’installer les incompréhensions une fois qu’elles sont décelées », plaide cette source. Quant aux 130 millions d’euros que l’exécutif espérait économiser grâce au retrait de ces mesures, « il faudra les trouver ailleurs », reconnaît Matignon. « On a eu le sentiment de prendre le risque de ne pas être compris », explique-t-on au gouvernement, en début de soirée, alors que l’ensemble des mesures sera bien soumis à la discussion des députés et intégré au projet de loi de finances (PLF) en débat mardi soir.

Après la fuite dans l’AFP de l’éventuel abandon d’une partie de ces mesures, Matignon dit avoir été alerté par de nombreux coups de téléphone de députés de la majorité, inquiets. « Le gouvernement et le premier ministre ont alors décidé de maintenir le plan à 500 millions d’euros par crainte de ne pas être compris », avance-t-on dans l’entourage d’Edouard Philippe. Fin de la partie.

« Renoncer à des mesures pour accompagner la transition énergétique (…) est une VRAIE ERREUR. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle », avait notamment écrit sur Twitter le député La République en marche Matthieu Orphelin. « Je donne, je reprends, et elle est où “l’écologie populaire” quand on revient sur l’élargissement du chèque énergie et les primes à la conversion ! ? », avait raillé de son côté le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, tandis que le porte-parole du PCF Ian Brossat dénonçait « une honte ».

Ironie de l’histoire, dans la matinée de ce mardi riche en rebondissements, le premier ministre et des membres du gouvernement rencontraient les députés de la majorité pour discuter des mesures à intégrer dans le PLF. Rien, alors, ni le recul sur certaines propositions ni leur maintien, n’a été annoncé.