Blaise Gauquelin – Le Monde
D’abord quelques centaines à Budapest, puis des milliers, partout en Hongrie. Une contestation importante est observée dans ce pays d’Europe centrale, membre de l’Union européenne (UE) depuis 2004 et qui compte 9,8 millions d’habitants.
Provoquée par le vote, mercredi 12 décembre, de deux lois controversées, elle est en train de muter en un mouvement protéiforme d’opposition radicale au pouvoir du premier ministre souverainiste Viktor Orban, aux manettes depuis 2010 et réélu en avril. Le 17 décembre, une manifestation nocturne avait encore lieu dans la capitale. Et des députés occupaient toujours une loge, au siège de la télévision publique.
Tout a commencé au cœur même du Parlement. En l’absence de toute politique d’immigration, dans un contexte économique florissant de plein-emploi, les députés du parti Fidesz, majoritaires à la Chambre, ont procédé à une modification du temps de travail, afin de pallier une grave pénurie de main-d’œuvre. Désormais, tout employeur pourra exiger d’un salarié jusqu’à quatre cents heures supplémentaires par an, dont il aura le loisir d’étaler le paiement sur trente-six mois. Alors que ce changement suscitait l’indignation des syndicats et des élus du camp adverse, leurs arguments comme leurs amendements ont été balayés.
« Le Fidesz ne prend même plus la peine d’écouter les points de vue différents du sien, commente le journaliste Ernst Gelegs, employé par la radiotélévision publique autrichienne ORF, en poste en Hongrie. Les gens commencent à réaliser qu’ils ne participent plus du tout à la prise de décision. Seul ce que pense le parti dominant compte. » Cette frustration s’est traduite par une fronde sans précédent de toutes les formations siégeant en dehors des rangs de l’exécutif.