Gilles Paris – Le Monde
Les manœuvres prêtées à la Russie pour peser sur l’élection présidentielle de 2016 avaient pris de la consistance en février, avec la mise en cause par le ministère de la justice de treize ressortissants et de trois entités russes. Ces accusations ont été confortées par le travail de spécialistes de la propagande sur Internet, supervisé par la société New Knowledge et un laboratoire de l’université d’Oxford, à partir des publications imputées à l’Internet Research Agency (IRA), une entité basée à Saint Petersbourg qui appartient à un proche du président Vladimir Poutine, Evgueni Prigogine.
Sollicités par la commission sénatoriale chargée du renseignement qui conduit sa propre enquête parallèlement aux investigations du procureur spécial chargé de ce dossier, Robert Mueller, ces experts ont livré ces conclusions dans deux rapports publiés lundi 17 décembre par le site Axios, après la révélation de premiers éléments par le Washington Post. Ils reposent sur une analyse de données obtenues de haute lutte avec les géants des réseaux sociaux.
Lire aussi Donald Trump sur la défensive après de nouvelles révélations sur l’enquête russe
« Ferme à trolls » russe
Ces rapports concluent à une stratégie russe particulièrement élaborée pour peser sur les débats politiques, principalement par le truchement de ces réseaux instrumentalisés à distance par des agents se présentant faussement comme des citoyens américains. Avec un objectif clair : affaiblir la candidate démocrate Hillary Clinton et favoriser son adversaire républicain, Donald Trump. Ces experts insistent sur le fait que ces efforts déployés pendant la campagne de 2016 n’ont pas cessé après l’élection mais qu’ils se sont au contraire prolongés en 2017, s’insérant manifestement dans une stratégie à long terme.