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Syrie : Erdogan annonce une offensive imminente contre les forces kurdes

Le Monde

 

Une nouvelle offensive turque imminente contre des milices kurdes en Syrie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé, mercredi 12 décembre, le lancement d’une opération « dans les prochains jours », au risque de brouiller davantage ses relations avec leur parrain américain, pour qui une telle opération serait « inacceptable ».

Ce serait la troisième offensive lancée par la Turquie en Syrie, où elle est déjà intervenue en 2016 et début 2018 pour repousser de sa frontière les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) et les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG).

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Cette milice kurde, épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis dans la lutte contre l’EI, est considérée comme « terroriste » par Ankara, qui craint plus que tout la création d’un « Etat kurde » à sa frontière.

La collaboration entre Washington et les YPG est l’une des principales pierres d’achoppement troublant les relations turco-américaines.

« Nous disons que notre opération pour sauver l’est de l’Euphrate de l’organisation terroriste séparatiste va commencer dans les prochains jours », a déclaré mercredi M. Erdogan, se référant à des zones contrôlées par les milices kurdes dans le nord de la Syrie. « Notre objectif, ce ne sont pas les soldats américains, mais les membres de l’organisation terroriste active dans cette région », a-t-il souligné.

En réponse, un porte-parole du Pentagone, le capitaine Sean Robertson, a souligné qu’une « action militaire unilatérale (…) dans une zone où du personnel américain pourrait être présent, est très inquiétante ». « Nous considérerions une telle action comme inacceptable », a-t-il ajouté.

Ankara considère les YPG comme une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984 et qui est classé « terroriste » par la Turquie, mais aussi par les Etats-Unis et l’Union européenne.

Si M. Erdogan n’a donné aucun détail sur l’étendue exacte de l’opération prévue, Youssef Hammoud, porte-parole d’Al-Jaich Al-Watani (« L’armée nationale »), une coalition de groupes rebelles pro-Ankara, a indiqué que « toutes les régions sont concernées, de Manbij à Tal Abyad, sans exception », des deux côtés de l’Euphrate. « Les factions du Jaich Al-Watani ont été mises au courant il y a un moment », a-t-il ajouté, affirmant que des entraînements supervisés par des officiers turcs étaient en cours.

« Protéger les terroristes »

Les déclarations de M. Erdogan surviennent au lendemain de l’annonce par Washington de l’installation, en dépit de la ferme opposition d’Ankara, de postes d’observation censés empêcher toute altercation entre l’armée turque et les YPG. « Il est évident que l’objectif des radars et des postes d’observations installés par les Etats-Unis n’est pas de protéger notre pays des terroristes, mais de protéger les terroristes de la Turquie », s’est emporté M. Erdogan.

Pour Elizabeth Teoman, analyste à l’Institute for Study of War (ISW), ces menaces peuvent être une façon pour le président turc d’« imposer un changement de politique concernant les postes d’observation américains ».

En octobre, la Turquie avait mené des attaques sporadiques contre les YPG dans le nord de la Syrie, conduisant la milice kurde à interrompre pendant dix jours ses opérations contre l’EI, et embarrassant fortement Washington.

Mercredi, les YPG ont prévenu qu’une nouvelle offensive affecterait la bataille contre les derniers réduits de l’EI dans la région de Hajine, près de la frontière irakienne. « Sans aucun doute, toute attaque sur le nord syrien aura un impact direct sur la bataille de Hajine », a mis en garde le porte-parole des YPG, Nouri Mahmoud. En cas d’opération turque, les forces kurdes combattant à Hajine rentreront « pour défendre leur région et leur famille ».

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Parmi les principaux différends entre la Turquie et les Etats-Unis figure notamment la situation à Manbij, une région du nord de la Syrie contrôlée par les YPG et où des soldats américains sont aussi stationnés. Une feuille de route avait été arrêtée en mai pour apaiser les tensions, prévoyant notamment le retrait des YPG de Manbij et la mise en place de patrouilles conjointes américano-turques, qui ont démarré en novembre. Mais Ankara n’a de cesse de rappeler que le retrait prévu n’a toujours pas eu lieu, menaçant d’agir militairement à Manbij contre les YPG si Washington ne respectait pas ses engagements.