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« Gilets jaunes » : un deuxième mort, Macron appelle au « dialogue »

Le Monde

Le gouvernement tentait, mardi 20 novembre, de mettre fin au mouvement des « gilets jaunes », dont il a déploré la « radicalisation » au quatrième jour d’actions, ciblant notamment autoroutes et dépôts pétroliers. Les forces de l’ordre se sont employées à libérer l’accès à des dépôts et péages dans plusieurs régions, dans un climat parfois tendu. Une vingtaine de sites « stratégiques » ont ainsi été débloqués dans la journée, a rapporté le ministère de l’intérieur.

« C’est dans le dialogue qu’on peut en sortir, dans l’explication, dans la capacité à trouver à la fois le bon rythme et les solutions de terrain », a déclaré mardi le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, pour sa première réaction depuis le début de ce mouvement protéiforme, samedi. « Nous gagnerons par la cohérence, la constance et la détermination », a de son côté assuré le premier ministre, Edouard Philippe.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé la « dérive totale » des manifestations, pointant une « radicalisation » et « un très, très grand nombre de blessés ». Depuis le début de cette mobilisation contre la hausse des prix du carburant, qui a essaimé hors de tout cadre syndical ou politique, les manifestations ont fait deux morts, quelque 553 blessés, dont 17 graves, et 95 blessés parmi les forces de l’ordre, dont deux graves.

Un motard de 37 ans, grièvement blessé dans la Drôme, victime d’une collision lundi avec une camionnette qui manœuvrait pour éviter un barrage de « gilets jaunes », est mort mardi des suites de ses blessures, a indiqué une source judiciaire. Samedi, une manifestante d’une cinquantaine d’années est morte après avoir été renversée par une automobiliste en marge d’un rassemblement de « gilets jaunes » à Pont-de-Beauvoisin, en Savoie.

Déblocages de sites « stratégiques »

Aucun chiffre officiel sur le nombre de participants n’était disponible mardi après-midi, mais une source policière évoquait quelque 10 500 manifestants à travers la France en début de matinée. Ils étaient 27 000 lundi, 290 000 samedi.

Le mouvement a reçu mardi le soutien de la fédération FO des transports et de la logistique, troisième organisation du secteur, qui a invité ses adhérents et sympathisants à se joindre aux « gilets jaunes » pour obtenir une « augmentation du pouvoir d’achat ». Il est également soutenu par Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, qui appelle à rejoindre le mouvement les 24 novembre et 1er janvier sur Twitter. « Les directions syndicales ont tort de ne pas se joindre au mouvement », ajoute-t-il.

Les actions ont parfois donné lieu à des violences et des dégradations. A Langueux (Côtes-d’Armor), six personnes ont été interpellées dans un centre commercial dans la nuit pour des jets de projectiles sur les forces de l’ordre, selon le parquet de Saint-Brieuc. Au péage de Virsac (Gironde) sur l’A10, un des points de blocage les plus durs, mardi, des manifestants « ont saccagé et mis le feu aux installations, entraînant des dégâts matériels très importants », selon Vinci Autoroutes, qui a annoncé porter plainte.

Les accès à plusieurs dépôts de carburants (Lucciana, Frontignan, Cournon-d’Auvergne, Port-la-Nouvelle, Vern-sur-Seiche, Lespinasse…) ont été débloqués. Plusieurs barrages routiers ont également été évacués, notamment à Caen, où les forces de l’ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes, et sur l’A16 à Calais.

D’autres barrages, bloquants ou filtrants, et des opérations escargot persistaient néanmoins, à proximité de péages, d’échangeurs et de ronds-points. Dans un point de situation à 15 heures, Vinci relevait notamment des perturbations sur les autoroutes A7, A8, A10, A11, A62, A71. Dans plusieurs départements, des échangeurs ont été fermés sur décision préfectorale.

Sur l’île de la Réunion, où 35 barrages étaient encore dressés à la mi-journée, un couvre-feu partiel a été instauré dans la moitié des communes après une nouvelle nuit de violences. Le mouvement pourrait se poursuivre ces prochains jours, avant un rendez-vous fixé à Paris samedi pour l’« acte 2 » du mouvement.